RÉCITS D’EXPÉRIENCES D’APPRENANTS-ITINÉRANTS

PAUL, 24 ANS
Parcours de 3 séjours : agroécologie, accompagnateur en montagne, garde-génisse
Déplacements à vélo
« Mon bachelor en poche, j’ai du temps à prendre pour moi. Et cela semblait être la période parfaite pour faire ce que j’aime le plus : voyager en apprenant des choses. Peut-être je ne suis pas parti pour le Népal, mais cela reste un voyage. […] Arrivé trempé [dans le premier lieu], je me réchauffe vite grâce à la sympathie du couple avec qui je vais vivre cette semaine. En effet, ils défendent des valeurs magnifiques, par un travail acharné mais surtout par une production exceptionnelle de bonne humeur =) […] En ce moment, j’aide D. à barrer les prés afin de redescendre les vaches et veaux des hauteurs. Et le temps passe vite, entre les discussions où on refait le monde, l’activité de la journée et les excellents repas. »
« Le trajet par le col […] est splendide tout comme la météo. J’arrive, après 2 heures de bicyclette [chez le passeur de savoirs suivant], affamé d’apprendre et de manger. […] [Après le repas,] le vaillant accompagnateur en montagne propose d’aller récolter de la massette, une sorte de roseau qui, séché, peut être tressé pour faire des sacs ou autres. […] Les connaissances de N. nourrissent mon intérêt de découvrir tout ce que la nature peut nous offrir. Prendre le temps d’observer, de cueillir, d’écouter, de s’abriter, de cuisiner, tous des gestes simples et essentiels qu’on a tendance à oublier dans notre société actuelle. Et pourtant quoi de mieux. […] Quoi de plus fun que faire un feu au silex ? Peut-être boire du thé de thym serpolet ou bien manger un pesto d’origan sauvage ? Plein de bonnes choses si simples ! […] Cela a été une superbe expérience, malheureusement un peu courte. Car j’aurais pu rester plus longtemps parmi lui et sa famille. C’est comme [le premier lieu], un endroit où on se sent bien et où il s’organise de beaux projets. C’est inspirant de savoir qu’il existe ces personnes autour de soi… »
« L’endroit est splendide avec ses forêts remplies de champignons et ses arbres remarquables. C. est un puits de savoirs. Que ce soit par son travail de bergère et son rapport très fort aux animaux, sa fabrication de fromage, son travail avec la laine du mouton, sa connaissance des plantes et sa vision globale de la vie/société. Et donc je puise tant que je peux. […] Le filetage de la laine des moutons est devenu une activité que j’apprécie beaucoup, surtout par ce temps pluvieux. Ce soir je reprends la route pour rentrer […]. C’est une réelle chance d’avoir pu participer à ces Sentiers des Savoirs. La connaissance de telles activités non-loin de chez soi est réellement inspirante pour avoir la force de créer soi-même un endroit qui nous correspond. Oser aller dans une autre direction que celle défendue par notre société malade. Vive les gens qui font bien les choses et ceux qui les mettent en valeurs =) »
MAXIME, 35 ANS
Parcours de 4 séjours : potière, herboristes, ferme agroécologique, accompagnateur en montagne
Déplacements majoritairement à pied
« Chacune des rencontres fut merveilleuse. […] Un accueil très chaleureux de la part de N. et de toute sa famille. [Elle vit dans] un lieu calme et reposant, propice à une dynamique alternative. […] Les interactions nombreuses m’ont permis de passer un séjour où les échanges sont riches et variés. Dans le cadre d’un séjour court comme celui que j’ai passé cela apporte une densité intéressante. »
« À nouveau accueilli avec des sourires rayonnants, j’ai pu apprécier cette sérénité dans le rythme de la journée ce qui laisse beaucoup de place à des discussions sur des sujets très variés. H. & P. ont beaucoup de connaissances et dans ce cas la durée du séjour a été un frein au potentiel de l’expérience. […] Un café, quelques discussions toujours intéressantes et dernières franches embrassades ont précédé le départ. La route traverse les prés et les petites forêts, la journée est ensoleillée, le moment des plus agréable. Je me prends au jeu de reconnaître un maximum de plantes sauvages que j’ai pu voir dans le jardin de P. & H. […] Quelques pauses accompagnées des délicieuses préparations du couple d’herboristes me font réaliser que la connaissance du monde sauvage m’est capitale et que, moi citadin, je ne sais lire que pauvrement mon environnement. Le séjour a été court mais l’envie d’en savoir d’avantage est grande. »
« V. & D. m’ont eux aussi accueilli dans une magnifique énergie. […] Ils ont un rythme soutenu qu’ils ont su ne pas m’imposer et me laisser vivre l’expérience à ma mesure. Cela m’a donné l’impression d’une maitrise totale de leur activité, d’autant que les moments d’échanges libres ont aussi été nombreux. On se sent parmi des personnes qui savent parfaitement conduire leur exploitation et donc parmi des passeurs de savoir de qualité. Également pédagogues, ils prennent le temps d’expliquer et même de partager leurs réflexions sur les sujets qui leur posent question. […] Je quitte la ferme le matin […]. La montée est sévère pour le commencement et cela fait un moment que je n’ai pas randonné. Le rythme trouvé, je peux « méditer » sur les rencontres déjà faites, les idées déjà échangées ou les projets que le séjour a déjà éveillés en moi. En haut le décor me ramène dans le présent […]. Je redescends vers la forêt, vers l’autre val, plus léger, je me sens tout à fait disponible pour de nouvelles rencontres, de nouveaux apprentissages. »
« N. est aussi quelqu’un fort dynamique qui mène de nombreux fronts en même temps. Sa famille m’a offert encore une fois un bel accueil. Ses activités s’inscrivent dans une cohérence humaniste (et réaliste) d’un questionnement permanent qui cherche à rassembler, on se sent aussi vraiment impliqué. N. m’amène dans une zone que j’avais presque rejeté d’office, faire le lien entre une forme de culture citadine (incluant l’entrepreneuriat) et un mode de vie plus sauvage. Son enthousiasme me fait réviser ma copie sur le sujet. D’autres portes sont désormais ouvertes. […] Rencontrer toutes ces personnes et ces énergies qui œuvrent déjà à leur mesure à des modes de vie plus permacoles rassure énormément. »

SANDY, 24 ANS
Parcours de 2 séjours : garde-génisse et potière
Déplacements en transports publics et à pied
« Mon plus gros problème, c’est de trouver le chemin. Mais une fois que je suis sur la bonne route, je m’éclate. La forêt est apaisante : mille nuances de vie, de beaux verts et l’eau qui glougloute… Souvent, je me dis que je m’y sens chez moi. Puis je me rappelle que je ne sais ni reconnaître les plantes comestibles, ni faire du feu, ni survivre sans la ville, en fait. […] Le premier jour, je fais la rencontre des animaux : les chiennes, les jolies génisses, les chevaux, les chèvres, les poules et les lapins. Il faut leur donner à manger et surveiller l’état de santé des vaches. C. m’explique qu’il ne faut pas les stresser en les fixant du regard. « Sinon, on a l’air de deux pumas qui complotent ! » […] L’interview m’a fait réfléchir au pourquoi de ma présence ici : dépasser les clichés sur l’agriculture, savoir de quoi je parle si je veux parler, élargir mes horizons. En 3-4 jours, c’est cela que C. peut véritablement m’apporter. »
« Alors que je prends la route, le temps est gris, pluvieux et froid. Entre ces deux séjours, l’automne est arrivé. […] Je ne sais pas trop ce qui m’attend. Ça fait partie de l’aventure ! […] J’arrive frigorifiée et dégoulinante chez N., où un bon feu de cheminée m’attend. […] Je suis toujours étonnée de découvrir les multiples facettes des Passeurs de Savoirs. On va rechercher le contact avec eux pour une raison : ce qu’ils représentent pour nous lorsqu’on ne les connaît pas : la potière, la fermière… Mais au final, les échanges dévoilent dès les premiers jours d’autres aspects de la personne. […]. Cela me nourrit d’une manière que je n’aurais pas imaginé avant de venir ici. »
« Faire moi-même me permet de mieux comprendre. Parce que je fais des « erreurs » : laisser des bordures sur le moule, qu’il faut ensuite découper et lisser (ça fait perdre du temps). Parce que je sens la pâte sous mes doigts qui réagit à chaque pression. […] Je suis contente de repartir avec des choses que j’ai faites : lorsque je boirai dans ma tasse, je me souviendrai de ma volonté de FAIRE les choses moi-même, parce que c’est plus gratifiant et donne plus de liberté que d’acheter. »
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